Dans une sortie médiatique puissante et sans filtre sur la télévision nationale, le capitaine des Guépards du Bénin, Steve Mounié, a livré un message aussi percutant que nécessaire. D’un ton ferme, le joueur de FC Augsbourg a dénoncé une dérive grandissante dans l’écosystème médiatique et sportif béninois : la glorification abusive de jeunes joueurs au potentiel encore fragile.
« Il y a beaucoup de pages qui valorisent la médiocrité. On parle de joueurs qui n’évoluent même pas dans des championnats structurés, et on les présente comme exceptionnels. Il faut rappeler le niveau de chaque chose », martèle l’international béninois.
Pour Mounié, la surmédiatisation prématurée de certains jeunes joueurs sur les réseaux sociaux est un véritable frein à leur progression. Dans son analyse, il pointe du doigt un phénomène bien connu : l’emballement numérique qui propulse des talents encore en gestation au rang de stars, sans que le terrain ne confirme ces superlatifs. 
« Ne leur inventez pas des qualités. Ne leur inventez pas des choses qui ne sont pas réelles. C’est devenu n’importe quoi », alerte-t-il, visiblement exaspéré.
Le buteur de 30 ans n’y va pas de main morte : pour lui, cette culture du buzz nuit gravement à la construction des futurs internationaux. En projetant une image déformée du mérite sportif, les réseaux sociaux brouillent les repères et désorientent les jeunes.
« Si vous valorisez un gars qui joue en cinquième division en France comme une superstar, le jeune qui est au Bénin va vouloir cette trajectoire… Mais c’est aller nulle part ! »
Avec lucidité, Steve Mounié appelle les médias, influenceurs et créateurs de contenu à faire preuve de rigueur et d’exigence. Car, selon lui, il ne s’agit pas de briser des rêves, mais bien de les ancrer dans une réalité compétitive, pour espérer un jour élever le niveau du football béninois à l’échelle internationale.
« Il faut qu’on mette la barre très haute. Que les jeunes aient envie d’aller là-haut, pas de demander à des pages Facebook de les appeler bulldozers… »
Dans un exemple marquant, il évoque une comparaison absurde faite entre lui — alors joueur de Premier League — et le jeune Chabel Gomez, alors encore au Bénin. Une analogie qu’il juge aberrante, mais révélatrice d’un mal profond : la méconnaissance des niveaux réels de performance et la confusion des repères.
« On pensait que c’était le même niveau. Mais on ne parle pas de la même chose ! »
Ce coup de gueule du capitaine ne vise pas à dénigrer les jeunes talents — au contraire. Il reconnaît leur potentiel, leur passion, mais appelle simplement à la responsabilité collective : celle des médias, des formateurs, et de tous les acteurs du football national.
« J’ai vu des qualités chez pas mal de jeunes. Mais attention aux adjectifs qu’on utilise. Dans deux ans, certains ont disparu et on ne les revoit plus… »
Un cri du cœur, un appel à l’ambition
Le message de Mounié, limpide et courageux, est un véritable cri du cœur pour une réorientation salutaire. Moins de buzz, plus d’exigence. Moins de flatterie, plus de vérité.
Si le Bénin veut briller sur la scène continentale et mondiale, il lui faut former des footballeurs solides, mentalement et techniquement, et non des stars en carton façonnées par les réseaux.
« Si on veut que le football béninois progresse, il faut valoriser les choses qui doivent être valorisées. C’est très important. »
Un message fort. Un message à méditer. Le ballon est désormais dans le camp de tous les amoureux du foot béninois.
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