À la Coupe d’Afrique des Nations TotalEnergies Maroc 2025, certains joueurs marquent les esprits par leurs statistiques, d’autres par leur influence. Jonah Fabisch appartient résolument à la seconde catégorie. Milieu de terrain longiligne, infatigable et d’une intelligence tactique remarquable, le joueur des Zimbabwean Warriors s’est imposé comme l’un des hommes forts de son équipe lors des rencontres face à l’Égypte et à l’Angola.

Calme, serein, toujours juste dans ses choix, Fabisch a été le véritable métronome du jeu zimbabwéen. Une présence rassurante, presque naturelle, comme si le football coulait dans ses veines. Et pour cause : Jonah est né dans le football, et par le football.
Un nom gravé dans l’histoire africaine
Jonah Fabisch est le fils de feu Reinhard Fabisch, légendaire technicien allemand dont l’empreinte reste indélébile sur le football africain. Au Kenya, il a conduit les Harambee Stars jusqu’en finale des Jeux panafricains de 1987, posant les bases d’une véritable révolution footballistique. Au Zimbabwe, où il officia de 1992 à 1994, puis brièvement en Afrique du Sud avec les Mamelodi Sundowns, avant un retour au Kenya, Reinhard Fabisch a laissé un héritage durable, respecté et admiré.
Disparu en 2008 des suites d’un cancer, le technicien allemand n’a jamais cessé d’inspirer. Dix-sept ans plus tard, son nom brille à nouveau, porté par les foulées de son fils.

Un héritage familial hors norme
Jonah n’avait que sept ans à la mort de son père. Mais l’influence était déjà profonde. D’un côté, un père entraîneur légendaire. De l’autre, une mère zimbabwéenne, ancienne athlète de haut niveau, spécialiste du 100 m haies et ex-détentrice du record national.
« Mes parents ont eu une influence énorme sur ma carrière. Ils m’ont appris à garder les pieds sur terre. Mon père, en particulier, a façonné ma vision du football et de la vie », confie Jonah à CAFOnline.
Né au Kenya en 2001, lors du second passage de son père à la tête des Harambee Stars, Jonah a grandi entre l’Afrique de l’Est, le Zimbabwe et l’Allemagne. Un parcours multiculturel qui lui offrait plusieurs options en sélection nationale.
Le choix du cœur : le Zimbabwe
Kenya, Allemagne ou Zimbabwe ? Pour Jonah Fabisch, le choix s’est imposé naturellement.
« J’ai toujours ressenti un lien très fort avec le Zimbabwe. Mon père aimait profondément ce pays et y a laissé une partie de lui. Si je devais jouer au niveau international, ce serait pour le Zimbabwe », explique-t-il.
Malgré plusieurs convocations avec les équipes de jeunes allemandes, sa décision était claire et assumée. Aujourd’hui, sous le maillot des Mighty Warriors, Jonah honore ce choix avec fierté.

Une CAN fondatrice
Pour ses débuts à la CAN, Fabisch n’a pas tremblé. Face à l’Égypte, le Zimbabwe est passé tout près de l’exploit avant de s’incliner 2-1 sur un but tardif de Mohamed Salah. Contre l’Angola, les Warriors ont arraché un précieux nul (1-1), grâce à une prestation collective solide et disciplinée.
« Faire mes débuts en CAN est un moment très spécial. C’est un immense honneur et une grande responsabilité », avoue le milieu de terrain.
Lucide, Jonah analyse ses performances avec maturité :
« Nous étions proches d’un meilleur résultat contre l’Égypte. Face à l’Angola, il nous a peut-être manqué un peu de sérénité. Mais ces matchs m’ont apporté énormément de confiance ».
Un dernier combat pour l’histoire
Le Zimbabwe jouera sa qualification pour les huitièmes de finale ce soir à Marrakech face à l’Afrique du Sud. Un match décisif, un rendez-vous avec l’histoire.
Déjà joueur du Erzgebirge Aue en troisième division allemande, Jonah Fabisch sait que cette CAN est une étape clé de son parcours. Plus qu’un tournoi, c’est une transmission.

« Porter ce maillot et poursuivre, en quelque sorte, l’œuvre de mon père représente énormément pour moi. Son parcours m’inspire chaque jour », conclut-il.
À Marrakech, sur les pelouses marocaines, Jonah Fabisch ne joue pas seulement pour le Zimbabwe. Il joue pour un héritage, une mémoire, et un avenir qu’il est bien décidé à écrire lui-même.
Source: cafeoneline